Que reste-t-il des remparts gallo-romains édifiés à la fin du III° siècle pour défendre les habitants de la cité contre les incursions barbares.
Situé sur les rives de la Sarthe, le Vieux—Mans recouvre une superficie de 8 hectares, formant un rectangle de 160 m sur 500 m de côté. La ville orientée nord-sud est partagée sur la longueur par une rue principale, aujourd’hui appelée « Grande-Rue ». A chaque extrémité, des portes permettent l’accès des véhicules, alors que sur les faces est et ouest, les habitants accèdent a l’intérieur de la ville par des poternes et une serie de ruelles et d’escaliers.
Les remparts ceinturaient la ville sur environ 1300 m, ils étaient flanqués de tours de défense au nombre de 30, mais 8 seulement ont résisté aux destructions.
A l’époque médiévale, la ville se développait a l’est et la construction de monuments tels que « choeurs de la cathédrale, Palais des Comtes du Maine » firent que l’enceinte gallo-romaine de ce côté fut détruite. Aujourd’hui, nous ne retrouvons que quelques vestiges de cette muraille.
C’est à l’Ouest, sur les rives de la Sarthe, sur une longueur de 500 m, et malgré l’extension de la ville que le mur gallo-romain fut épargné.
Au siècle dernier, la réalisation du passage du tunnel qui reliant la ville nouvelle d’est en ouest, détruisit sur son passage les remparts et les habitations de la cité.
Dans quel état de conservation retrouvons—nous aujourd’hui cet ensemble ? A part deux tours restaurées, il y a quelques années, rien jusqu’ici n’a été entrepris pour préserver la muraille de l’effondrement. Nous pouvons constater de nombreuses brèches et lézardes qui facilitent Ie passage des eaux pluviales et eaux ménagères. Les murs présentent des déformations, des faux-aplombs, provoqués sans doute par la poussée de terre de remblais et des immeubles prenant appui sur le rempart.
Des pierres se détachent du mur, de nombreux trous facilitent le logement d’une invasion de pigeons qui dégradent eux aussi la maçonnerie de parement.
Malgré cela, on continue a construire et a restaurer les immeubles sans se soucier de l’état du mur utilisé comme soubassement. Il y a deux ans, alors que la ville réalisait le dégagement des immeubles, rue des Fossés-St-Pierre, un effondrement de 80 m en bordure de la rue, précipita dans le vide les immeubles de la rue supérieure. Cet accident aurait pu avoir de graves conséquences et la réfection, dont l’étude est en cours, est évaluée a 3.000.000 F; elle ne pourra, pour des raisons financières, être réalisée a l’identique (1).
M. Bizette-Lindet, Grand Prix de Rome de Sculpture, écrivait dans « Les cahiers de la Ligue Urbaine et Rurale » que la réalisation d’une voie expresse s’implantant dans une zone particulièrement fragile, créera des vibrations et nuisances redoutables qui accentueront les désordres que nous signalons.
Que font les services publics pour éviter de nouveaux éboulements ?
Doit-on, en effet, continuer à restaurer au-dessus de l’enceinte gallo-romaine, des immeubles sans se soucier de l’état du soubassement ?
Sans tarder, il s’agit de prendre des dispositions pour éviter de nouveaux effondrements :
1. – Etablir une étude approfondie du terrain.
2. – Controler l’état de la maçonnerie et des immeubles prenant appui sur le mur d’enceinte.
3. – Elaborer une étude technique de restauration, évaluer le coût de la dépense et établir un planning de travaux a réaliser en même temps que le dégagement des immeubles sur le quai et les espaces verts qui complètent les aménagements de voirie le long de la Sarthe.
(1) Auquel il faut ajouter 2.000.000 F d’acquisition pour les immeubles effondrés. La participation du fonds d’amenagement urbain s’élevant à 35 %.
L’attention est depuis longtemps attirée dans la presse locale et parisienne, par les sociétés locales, les revues spécialisées, pour protester contre la réalisation d’une voix expresse dans une zone particulièrement fragile ou l’ensemble des espaces verts doivent étre largement développés.
Les remparts du Vieux-Mans font partie du patrimoine artistique du département au même titre que les monuments que nous ont légués nos ancêtres. Il s’agit de sauver un ensemble qui se dégrade et risque de disparaître dans le temps. La participation du fonds d’aménagement urbain étant insuffisante pour faire face a une telle dépense, les problèmes techniques et financiers se rejoignent. Il importe que la ville, le département, l’Etat et les ministères intéréssés se penchent sur ce problème. Il s’agit, et cela est urgent, de sauver les remparts du Vieux-Mans de la destruction.
Les Manceaux ont connu l’Abbaye de l’Epau avant sa restauration: cet ensemble fut sauvé grâce à l’initiation d’un préfet, à l’intérêt que le département et le Ministère des Affaires Culturelles ont apporté.
Soyez sûr que d’autres villes que Le Mans seraient heureuses de posséder une pareille richesse. C’est maintenant reconnu par les visiteurs, qui chaque année parcourent les rues pittoresques de la vieille ville, ses monuments et ce qui reste de l’ensemble de la muraille gallo-romaine.
Jean GUY
Architecte D.P.L.G.
Président de la Renaissance du Vieux-Mans
LE VIEUX-MANS, CITÉ DES ESPRITS
La Cité Plantagenêt est une petite olympe au coeur de la ville mancelle. Une enclave tout en hauteur, un sommet de pierres et d’Histoire.
La Lutèce sarthoise en somme.
Le Vieux-Mans, c’est un refuge intemporel au souffle médiéval reposant sur des bases antiques. Ses pieds sont gallo-romains, son esprit est moyenâgeux, son âme pleine de Renaissance.
Au niveau du tunnel, aussi glacial et sinistre que le XXIème siècle qui l’a érigé, le Vieux-Mans donne même le vertige.
Tout autour, la sérénité des cimes.
Au moins, jusqu’aux frontières vespérale…
Voies sombres, désertes, silencieuses et carrefours éclairés par des lampadaires d’un autre temps font les charmes nocturnes de ce mont manceau, comparable en certains points au Mont-Saint-Michel.
A l’heure ténébreuse, toutes sortes de fantômes épieront le visiteur égaré, l’effleureront peut-être : chats furtifs -tous gris la nuit-, rats dodus, chauve-souris alertes, hiboux interrogateurs, ombres de statues allongées par le clair de lune -saints locaux ou vagues gargouilles accrochés aux toits- et autres silhouettes mal identifiées.
Volatiles de plumes et de poils, errants des gouttières et des canalisations, hôtes des toitures et du sol, vagabonds des airs et du pavé, sculptures de pierre et de bois, gardiens de vieilles portes et veilleurs de remparts, bref présences inertes, oniriques, réelles ou imaginaires et faune vive font les murmures et les légendes du Vieux-Mans.
On ne sort pas indemne de ces pierres haut-perchées : de presque tous les côtés de la vieille cité, maintes vues plongeantes garanties sur l’agglomération moderne ! Mais surtout, plusieurs siècles séparent les deux parties du Mans. C’est dire que le voyage n’est pas que vertical. Il est également anachronique.
Sans omettre les violonistes ailés de la cathédrale récemment découverts (les déjà célèbres anges musiciens) conférant à l’exploration un tour aussi poétique qu’ascensionnel.
Avec ses escaliers interminables où grondent tous les vents, ses murs immémoriaux surchauffés au soleil d’été et, la nuit, ses rues hantées par des spectres de lumière -je veux parler des fameuses Chimères- la vieille ville est un lieu choisi hors du monde où, dès la tombée du jour, la réalité fait place au mystère.
Raphaël Zacharie de IZARRA
LE VIEUX-MANS, CITÉ DES ESPRITS :
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Raphaël Zacharie de IZARRA